Depuis plusieurs semaines, certains réseaux sociaux se sont faits l’écho d’une association néerlandaise mettant en garde les maîtres d’animaux de compagnie, notamment de chats, sur un signe comportemental inquiétant appelé « pousser au mur ».
Nous allons ici nous employer à apporter quelques éclaircissements sur les origines, la signification et la prise en charge de ce signe.
Qu’est-ce que le “pousser au mur” chez un chat ?
Chez le chat, comme chez le chien, le « pousser au mur » consiste en un appui de la face antérieure de la tête (os du crâne et museau) sur une surface verticale, le plus souvent un mur.
Cet appui ne correspond pas à un comportement habituel du chat en bonne santé et peut se manifester sur des périodes de durée variable. Il peut, à la longue, occasionner des lésions de la face de l’animal (perte de poils, excoriations de la peau) mais, le plus souvent, l’appui est modéré et ne provoque aucune blessure.
Origines
Le « pousser au mur » n’est pas, en soi, une maladie mais la ou une des manifestations d’une affection sous-jacente qu’il convient de diagnostiquer.
On distingue deux grandes catégories de maladies pouvant entraîner l’apparition de ce signe.
Des maladies nerveuses
Parmi les origines possibles, on retrouve des causes traumatiques (coup sur la tête pouvant susciter une augmentation de la pression intracrânienne et, par voie de conséquence, une souffrance cérébrale douloureuse).
Les causes infectieuses et parasitaires sont également multiples, notamment celles qui vont se traduire par une encéphalite ou une méningite. On peut citer pêle-mêle le FIV, la Péritonite Infectieuse Féline, la rage, la toxoplasmose,… Dans toutes ces affections, les symptômes nerveux peuvent constituer l’élément principal ou n’être qu’une forme annexe.
Dans ces deux premières catégories de situations, la douleur, toujours présente lors d’une atteinte nerveuse inflammatoire, pourrait inciter l’animal à appuyer sa tête comme pour se soulager de cette douleur (à l’instar de l’humain qui cherchera à se masser les tempes lors d’une migraine).
Citons aussi la présence de tumeurs cérébrales (principalement des méningiomes chez le chat) primaires lorsque la tumeur se développe d’emblée dans le cerveau ou secondaires lorsqu’il s’agit de métastases d’autres tumeurs non cérébrales (par exemple une tumeur mammaire).
Enfin une malformation congénitale du système nerveux central peut entraîner ce signe de même que le vieillissement cérébral du chat âgé (Syndrome Confusionnel).
Origines non nerveuses
Elles sont constituées par ce qu’il est convenu d’appeler des affections métaboliques. Ces affections concernent notamment le foie (on parlera alors d’ « encéphalose hépatique »), les reins ou la thyroïde par exemple.
Ces maladies vont entraîner un certain nombre de dérèglements sanguins qui vont affecter le fonctionnement cérébral.
On peut également citer quelques causes alimentaires (carence en vitamine B1 ou en acides aminés comme l’arginine) ou toxiques (intoxication au plomb).
Diagnostic
Vous aurez compris, à la lecture de cette longue liste non exhaustive, que votre vétérinaire ne pourra pas poser un diagnostic de certitude en se basant uniquement sur l’examen clinique de votre chat et sur la compilation d’éventuels autres symptômes.
Des examens complémentaires (prélèvement sanguin pour la recherche d’une maladie du foie par exemple, imagerie par scanner ou IRM pour déceler malformations et tumeurs) lui seront indispensables pour parfaire ce diagnostic.
Néanmoins, plusieurs renseignements importants, obtenus pendant l’entretien avec le maître du chat concerné (l’âge de l’animal, les circonstances d’apparition, brutales ou progressives, l’existence d’autres symptômes à l’instar de conduites incohérentes chez le chat âgé « confus » comme des déambulations, des miaulements inextinguibles,…) pourront naturellement orienter la mise en œuvre des examens complémentaires.
Pronostic et conclusion
Si votre chat appuie sa tête contre le mur, le pronostic associé à ce symptôme, c’est-à-dire le type d’évolution que nous pouvons en attendre, favorable ou non, dépendra naturellement du diagnostic posé.
Une carence sera facilement correctible alors qu’une tumeur cérébrale aboutira, dans la plupart des cas, au décès de l’animal.
À la lumière de ces éléments, une visite chez votre vétérinaire s’impose évidemment sans délai.