Le pancréas ? Une glande mixte
Une pancréatite est une inflammation du pancréas. Le pancréas est une glande annexe du système digestif située dans la partie antérieure de l’abdomen, dans l’anse du duodénum, non loin de l’estomac.
On dit de lui qu’il est une glande mixte puisqu’il possède une partie exocrine (la plus importante) et une partie endocrine.
Le pancréas exocrine participe à la digestion des aliments en sécrétant différentes enzymes (amylase, lipase, trypsine…). Il existe des mécanismes de protection pour lutter contre l’autodigestion de la glande.
La partie endocrine, quant à elle, permet, via la production d’hormones (insuline, glucagon), de stocker ou transformer les nutriments absorbés pour une utilisation future comme source d’énergie.
Quand ça dégénère…
Dans certaines circonstances, les mécanismes de protection échouent. Les enzymes pancréatiques sont alors activées et libérées au sein même de la glande, entraînant une autodigestion des tissus et provoquant une inflammation du pancréas, appelée pancréatite. S’ensuit parfois une propagation locale, avec libération d’enzymes et de médiateurs de l’inflammation dans la circulation, expliquant les répercussions tissulaires et systémiques, bien au-delà du pancréas.
La pancréatite peut être aiguë, c’est-à-dire d’apparition soudaine, aux conséquences plus dramatiques ou évoluer selon un mode chronique, fruste, voire asymptomatique.
Il est estimé que plus d’1% de chiens sains présentent, à l’autopsie, des lésions du pancréas, ce sans avoir montré de symptômes de leur vivant. Il s’agit donc d’une maladie sous-estimée. Les formes foudroyantes étant plus rares, le diagnostic de cette pathologie est difficile pour le clinicien.
Prédispositions et facteurs de risques
On note une prédisposition pour certaines races : le schnauzer nain, le caniche nain, les terriers… Les pancréatites sévères surviennent principalement chez des sujets d’âge moyen à avancé.
La cause exacte de la maladie est souvent inconnue mais on peut cependant citer plusieurs facteurs de risque. Parmi ceux-ci nous retrouvons : une alimentation trop riche en graisses, une surcharge pondérale, des traumatismes (accidents de la voie publique, chirurgie pancréatique…), la prise de certains médicaments (corticoïdes, bromure de potassium, azathioprine…), certains agents infectieux tels que la toxoplasmose ou encore des maladies concomitantes (diabète, hypothyroïdie, maladie de Cushing, maladies gastro-intestinales…).
Quels sont les symptômes d’une pancréatite ?
Une pancréatite peut passer inaperçue. C’est le cas des pancréatites chroniques qui se manifestent par des épisodes récidivants d’inflammation aux symptômes ambigus.
Les pancréatites aiguës, plus impressionnantes, présentent un risque élevé de mortalité et de comorbidité.
Les symptômes observés sont divers et peuvent refléter l’extension aux structures voisines. On note parmi eux : de l’anorexie, des vomissements, une déshydratation plus ou moins marquée, de la faiblesse, de la diarrhée (avec sang ou non), une vive douleur abdominale qui fait adopter au chien une posture de soulagement dite de “chien en prière”, des troubles de la coagulation, un état de choc…
Par la suite, des complications peuvent survenir : foyers nécrotiques, abcès pancréatiques, pseudo-kystes…
Comment diagnostiquer une pancréatite ?
Le diagnostic des pancréatites est difficile et passe par différents examens complémentaires.
La radiographie abdominale manque de sensibilité, et l’examen d’imagerie de choix reste l’échographie abdominale. Celle-ci révélera la modification de volume de la glande, la présence de liquide autour de celle-ci ou encore la présence de nodules.
Une prise de sang peut également être pratiquée afin de procéder à différentes analyses. On réalisera ainsi une hémato-biochimie mais surtout un dosage de la lipase spécifique canine (cPLI) qui constitue l’examen sanguin de référence pour le diagnostic de pancréatite aiguë (faux positifs ou faux négatifs néanmoins possibles).
Une biopsie pancréatique peut également être réalisée, celle-ci sera indispensable lors du diagnostic de tumeurs pancréatiques.
Agir vite pour optimiser les chances de réussite
Le traitement de la pancréatite aiguë doit être le plus précoce possible afin d’augmenter les chances de réussite.
Le traitement aura pour but de calmer la douleur, diminuer l’activité pancréatique, mais également de prévenir et/ou lutter contre le choc et l’infection.
Il repose donc sur la mise en place d’une perfusion et d’une thérapie antiémétique et antidouleur. Une alimentation adaptée (hyperdigestible et pauvre en graisse) doit être mise en place rapidement car un jeûne prolongé diminue les chances de survie. Une antibiothérapie est généralement mise en place pour éviter la septicémie.
Le pronostic, quant à lui, dépendra de la gravité de l’inflammation et de l’installation ou non de complications. Lors de pancréatites légères à moyennes, le pronostic est favorable. Dans les cas graves, le pronostic est beaucoup plus réservé et une hospitalisation en soins intensifs est souvent nécessaire.