Fièvre chien

La fièvre chez le chien

Par Vetissimo 9 à lire

Connaître la température d’un chien est indispensable lors de la réalisation d’un examen clinique général, surtout sur un animal malade, afin d’établir des hypothèses diagnostiques. Une température rectale supérieure à 39.1°C est considérée comme élevée et anormale chez un chien non stressé.

Concernant la température et la fièvre, de nombreuses fausses idées circulent

  • Lorsqu’un chien a une température élevée, il a forcément une infection : c’est faux. De nombreuses maladies non infectieuses peuvent faire augmenter la température.
  • Un chien qui a une température normale (aux alentours de 38-38,5°C) n’a pas d’infection : c’est faux. Dans certains cas de maladies infectieuses, les pics de température peuvent être cycliques. De même, certaines infections très localisées (comme les infections urinaires) ne sont pas toujours associées à de la fièvre.
  • Un chien qui a une température élevée est forcément malade : c’est faux. Par exemple, un effort ou un stress peuvent faire augmenter la température d’un animal.
  • Un chien qui a une température normale n’est pas malade ou n’a pas une maladie très grave : c’est faux.
  • Un chien qui a la truffe humide n’a pas une température corporelle élevée : c’est faux.
  • ….

Mais comment se régule la température du chien ?

La température corporelle d’un chien est régulée et maintenue relativement constante par une sorte de thermostat, appelé centre de thermorégulation, localisé dans une zone au niveau du cerveau : l’hypothalamus.

Ce thermostat reçoit des informations de capteurs, appelés thermorécepteurs, localisés partout dans l’organisme (principalement dans la peau et le système nerveux), qui détectent les variations de température.

Lorsque l’hypothalamus reçoit l’information que la température dans une zone du corps est trop élevée, il stimule des effecteurs afin de dissiper la température et la faire diminuer par divers moyens (halètement, transpiration, diminution de l’activité motrice, soif, recherche de fraîcheur, …).

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Lors de fièvre, le thermostat hypothalamique est déréglé, et donc le contrôle de la température n’est plus efficace. Ce dérèglement est dû à la présence d’éléments dans l’organisme appelés « pyrogènes » qui : soit proviennent d’agents extérieurs (microbes : bactéries, virus, champignons ; médicaments, …), soit sont produits « en interne » dans l’organisme (par le système immunitaire, par une tumeur, …).

Remarque : Il convient de distinguer cette fièvre de l’hyperthermie : dans ce dernier cas, l’augmentation de température corporelle n’est pas liée à un dysfonctionnement du thermostat hypothalamique mais est secondaire à un excès de production de chaleur par l’organisme (effort, convulsions, tétanie) ou à un défaut d’élimination de la chaleur (coup de chaleur dans une voiture, chien brachycéphale –nez écrasé- qui ont du mal à respirer…). Il n’y a alors pas de pyrogènes.

Il est important de noter que la fièvre chez le chien n’est pas toujours délétère : en effet, lors d’infection, l’augmentation de température représente une aide réelle pour l’organisme car elle stimule le système immunitaire pour combattre l’infection et elle ralentit la multiplication du microbe. Il ne faut donc pas toujours vouloir lutter contre elle.

Néanmoins, si la température (rectale) dépasse les 41°C ou reste élevée trop longtemps, le système immunitaire est altéré et un cercle vicieux de dégradation de l’organisme se met en place : un dysfonctionnement sévère (concernant le système cardio-vasculaire, l’appareil respiratoire, le système nerveux, le foie, les reins, …) se met en place et peut aboutir au décès de l’animal.

Comment prendre la température à son chien ?

La température se prend avec un thermomètre électronique, identique à ceux utilisés en médecine humaine, que vous pouvez acheter en pharmacie. La prise de température se fait par voie rectale en introduisant le thermomètre d’environ 2-3cm dans l’anus, et en essayant d’accoler l’extrémité du thermomètre sur la paroi du rectum. En effet, si vous introduisez le thermomètre au milieu d’une selle, la température affichée peut ne pas être représentative.

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Les thermomètres de médecine humaine pour prise de température sous le bras, dans l’oreille ou sur le front sont à proscrire chez le chien : ils ne fonctionnent pas.

La sensation de chaleur en touchant votre animal sur la peau, l’aspect de la truffe (humide/sec, chaud/froid, …) ne sont pas fiables pour évaluer correctement la température de votre chien.

Symptômes

Lors de fièvre chez le chien, les symptômes observés sont souvent non spécifiques et peuvent être les suivants :

  • respiration rapide, halètement
  • augmentation de la prise d’eau
  • abattement, prostration, perte d’appétit

Parfois, ils peuvent être plus spécifiques de la maladie à l’origine de la fièvre (voir paragraphe suivant) :

  • boiterie, difficultés à se déplacer, tête basse, difficultés à tourner la tête
  • lésions dermatologiques : rougeur, ulcères, …
  • vomissements, diarrhée, douleur au ventre, ventre gonflé
  • toux, …

Causes de fièvre

Plusieurs affections peuvent être à l’origine de fièvre chez le chien.

  • Maladies infectieuses
    • Localisées à un organe, liées à une/des bactéries le plus souvent (utérus, prostate, rein, foie, péritoine, pancréas,…)
    • Généralisées : leptospirose, borréliose, piroplasmose, ehrlichiose, leishmaniose, toxoplasmose, parvovirose, maladie de carré, …
  • Maladies tumorales (cancéreuses)
  • Maladies immunologiques* : anémie hémolytique, polyarthrite, thrombopénie immunologique, lupus érythémateux disséminé,…
  • Autres causes :
    • Médicamenteuses : certains traitements peuvent faire augmenter la température
    • Certaines maladies osseuses : panostéite chez les jeunes chiens de grand format par exemple
    • Traumatismes : la douleur peut être une cause de fièvre

* ces maladies font suite à un dérèglement du système immunitaire de l’organisme du chien qui se met brutalement à ne plus reconnaître un élément de son corps (ses globules rouges, ses plaquettes, ses articulations, ses méninges, sa peau…) et qui se met à le dégrader.

Diagnostic

Il est indispensable de donner à votre vétérinaire le maximum d’informations concernant votre animal : ses vaccinations, ses traitements en cours, ses antécédents médicaux, ses voyages, …

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Chez certains chiens très stressés en consultation, la température peut parfois atteindre 39.5°C ou plus. Le vétérinaire pourra éventuellement vous demander de réaliser une courbe de température à la maison (prise de température rectale) sur un ou plusieurs jours afin d’avoir une idée précise des variations de température corporelle.

Votre vétérinaire réalisera un examen clinique exhaustif pour essayer de rechercher des éléments anormaux. En fonction des anomalies obtenues, il vous proposera des examens complémentaires qui peuvent être très variés :

  • prise de sang et analyse d’urine (indispensable)
  • radiographie, échographie
  • ponction articulaire, ponction de liquide céphalo-rachidien,
  • scanner
  • biopsie, …

La recherche d’une cause de fièvre peut être très difficile et peut nécessiter plusieurs jours voire semaines d’investigation.

Dans certains cas, on parle de Fièvre d’Origine Indéterminée (FOI) lorsque les examens complémentaires ne permettent pas d’isoler une cause.

Traitement et pronostic

La prise en charge et le pronostic vont dépendre de la cause de la fièvre chez le chien.

La fière, lorsqu’elle devient délétère, peut être prise en charge de façon symptomatique par des antipyrétiques : les médicaments les plus efficaces restent des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Tous ne sont pas équivalents et n’ont pas la même efficacité. Votre vétérinaire vous prescrira le plus adapté pour votre chien.

Dans certains cas rebelles, ce traitement symptomatique sera insuffisant et le traitement de la cause de la fièvre sera indispensable.

Lorsque la cause est déterminée, un traitement spécifique peut être prescrit : antibiotique, corticoïdes, anti-parasitaire, intervention chirurgicale, chimiothérapie, …

Conclusion

La fièvre est un motif fréquent de consultation. Elle n’est pas toujours, et même loin de là, synonyme d’infection. Elle ne se traite donc pas systématiquement par un traitement antibiotique.

Votre vétérinaire pourra vous proposer une démarche diagnostique afin de déterminer la cause de cette fièvre. Des anti-pyrétiques pourront être administrés en première intention.

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