Le lupus érythémateux systémique (LES) ou disséminé (LED) est une maladie auto-immune décrite chez le chien se manifestant à la fois par des manifestations cutanées et par des symptômes généraux.
Une maladie auto-immune est une maladie liée à un déséquilibre du système immunitaire de l’animal : pour des raisons parfois inconnues, les acteurs du système immunitaire (globules blancs appelés leucocytes et les anticorps) ne reconnaissent plus certains éléments de l’organisme et les détruisent. C’est cette destruction qui génère un phénomène inflammatoire local et/ou généralisé et qui est à l’origine des symptômes.
Lors de lupus érythémateux systémique, les éléments de l’organisme qui peuvent ne pas être reconnus sont multiples et variés :
- Les articulations (90% des cas)
- La peau et les muqueuses (60% des cas)
- Les reins (50 -60 des cas)
- Le sang (globules rouges, plaquettes sanguines)
- Les muscles, les nerfs, le cœur, le système nerveux,… (plus rare)
Étant donné la dissémination des dysfonctionnements, il y a une altération de l’état général de l’animal.
Il est important de noter que cet article traite du lupus érythémateux systémique et non du lupus cutané, qui est aussi une maladie auto-immune dont les symptômes sont uniquement cutanés sans altération de l’état général : le chien présente classiquement une atteinte de la face avec une dépigmentation de la truffe, des ulcères, des rougeurs pouvant s’étendre avec l’exposition au soleil. Les lèvres et oreilles peuvent parfois être atteintes. Le lupus cutané n’évolue jamais en lupus érythémateux systémique.
Les causes du lupus érythémateux systémique chez le chien
Les causes du dérèglement immunitaire semblent multifactorielles (génétique, environnement, …) mais rien n’est clairement élucidé.
Symptômes du lupus érythémateux systémique chez le chien
Il semble y avoir une prédisposition des mâles et des races moyennes à grandes (Berger allemand, Colley, …).
Il est parfois difficile de mettre en évidence cette maladie étant donné que les symptômes peuvent évoluer de façon subaigüe à chronique, par poussées évolutives entrecoupées de période de rémission.
Comme évoqué précédemment, les symptômes dépendent des composants de l’organisme qui sont atteints.
Le chien atteint de lupus érythémateux systémique présente systématiquement une altération de l’état général : fatigue, amaigrissement, fièvre en dent de scie.
Il peut présenter également :
- Des boiteries lors d’atteintes articulaires (souvent le 1er signe à apparaître) : le chien ne pose pas correctement son ou ses membres atteints (parfois avec une suppression de l’appui). Le saut ou le relevé peut être difficile pour votre animal. Certaines articulations peuvent être gonflées. Il peut y avoir une fonte musculaire associée.
- Des lésions cutanées avec une atteinte fréquente de la tête (truffe, lèvres, oreille) ou des zones à peau fines (ars, aines, ventre) ou parfois des coussinets : perte de poils (appelé alopécie ), rougeur, ulcères, dépigmentation (perte de couleur). Elles peuvent être associées à de la douleur ou des démangeaisons.
- Des lésions cutanées particulières avec des hématomes ou des petits points rouges éparses sur la peau (appelés pétéchies ) : elles apparaissent suite à la destruction des plaquettes sanguines qui interviennent dans la coagulation.
- Des muqueuses (gencives, joues) claires, pâles voire jaunes : on parle dans ce dernier cas d’ ictère. Cela est associé à la destruction des globules rouges qui libère dans l’organisme un pigment, la bilirubine, à l’origine de cette coloration.
- Des symptômes beaucoup plus rares : convulsions, difficultés respiratoires, œdème, dilatation de l’abdomen (secondaire à la présence de liquide dans le ventre).
Il est important de noter que de nombreuses anomalies (rénales, sanguines par exemple) nécessite de réaliser d’examens complémentaires afin de les objectiver ; il n’y a pas toujours de manifestations cliniques évidentes.
Diagnostic du lupus érythémateux systémique chez le chien
Le diagnostic du lupus érythémateux systémique n’est pas toujours évident en première intention. En effet, étant données l’évolution chronique en dent de scie des symptômes et leur apparition très progressive, le contexte peut être insidieux. Il est bien évidemment plus facile de diagnostiquer une maladie avancée avec une association de plusieurs symptômes que lorsque l’animal présente juste une simple boiterie (qui serait en fait, le tout premier symptôme du lupus érythémateux systémique).
Pour établir un diagnostic, il est indispensable de donner le maximum d’informations à votre vétérinaire : est ce que c’est la première fois que vous noter les symptômes ? Est-ce que vous avez noté une évolution en fonction de l’exposition au soleil ? Est ce qu’il y a déjà eu des traitements avant ?…
Votre vétérinaire examinera votre animal afin d’explorer le symptôme pour lequel vous l’avez amené mais essaiera de mettre en évidence d’autres anomalies plus insidieuses (organes de taille anormale à la palpation, auscultation cardiaque et respiratoire anormale, douleur à la manipulation de certaines articulations, …).
Pour établir un diagnostic de lupus érythémateux systémique, votre vétérinaire devra associer différents examens complémentaires. En effet, il est nécessaire de mettre en évidence une association de plusieurs anomalies pour conclure à un diagnostic.. Les examens suivants vous seront proposés, et seront réalisées en fonction des symptômes présents :
- analyses sanguines pour évaluer le fonctionnement des organes (analyses biochimiques) et pour évaluer le nombres de cellules sanguines (numération formule ou hémogramme)
- analyses d’urines
- ponction articulaire et analyse du liquide synovial
- radiographie articulaire- dosage d’anticorps anti-nucléaires dans le sang (examen INDISPENSABLE)
- biopsies de peau- échographie abdominale, échographie cardiaque, ponction de ganglion, ponction de liquide cérébro-spinal (plus rarement)
Une seule analyse ne permet pas de faire un diagnostic !
Traitement du lupus érythémateux systémique chez le chien
Il est indispensable d’avoir un diagnostic de certitude avant de mettre en place un traitement car ce dernier est souvent intense et agressif.
Le traitement de base est l’utilisation de corticoïdes : des doses importantes (au moins au départ) et une longue durée seront nécessaires. Votre vétérinaire fera évoluer progressivement les doses, associera éventuellement d’autres molécules et contrôlera la réponse thérapeutique. Pour cela, des visites de contrôle et la répétition des examens complémentaires seront indispensables.
Il est important de garder à l’esprit que le traitement peut durer plusieurs semaines à plusieurs mois. Dans certains cas, la prise en charge peut être à vie.Ne faites surtout pas de l’automédication : c’est le meilleur moyen de faire de grossières erreurs.
Pronostic
Il dépend de la précocité de la prise en charge et de l’intensité des symptômes.