Rage chez le chien

Le 21 mai 2015, L’Institut Pasteur confirme qu’un chien Bull Terrier est mort de rage dans le département de la Loire. 19 personnes sont prises en charge par les services sanitaires. La France est pourtant officiellement indemne de rage depuis 2001, mais il avait contracté la maladie pendant un voyage en Algérie.

Ce cas exceptionnel est caractéristique de la rage, souvent négligée en France, et pourtant excessivement grave et transmissible à l’homme.

Étiologie et transmission

La rage est une maladie infectieuse, virulente et inoculable. L’agent est un virus, baptisé Lyssavirus de la famille des Rhabdoviridae, très fragile dans le milieu extérieur.
La rage atteint sans exception TOUS les mammifères, mais nous envisagerons ici la rage du chien.

Il est contaminé par la salive d’un animal malade, par morsure. Le virus, à cette occasion, passe dans la lésion traumatique. Il se multiplie localement et atteint un rameau nerveux. Par voie ascendante le long des nerfs il finit par atteindre le cerveau où il se multiplie activement. Il redescend ensuite le long des nerfs pour atteindre divers organes (cœur, peau, œil). Les plus importants sont les glandes salivaires où il continue à se répliquer. Le sang ne contient pas de virus ce qui empêche la transmission par des vecteurs (insectes, tiques, etc.)

Symptômes et diagnostic

La phase d’incubation, très variable, en moyenne de 15 à 60 jours (quarantaine de 6 mois dans les pays qui la pratiquent) peut exceptionnellement être plus longue. Les symptômes apparaissent enfin et la maladie évolue en 4 à 5 jours en moyenne. Dans les jours précédant la maladie, et au maximum 8 jours avant, le virus est excrété dans la salive rendant l’animal particulièrement dangereux.

« Tout est rage, rien n’est rage » disait un vieil adage. C’est dire le polymorphisme de la maladie qui va d’une « forme furieuse » à une « forme paralytique » avec tous les intermédiaires possibles.

Souvent le tout premier signe de rage chez le chien est une simple modification comportementale, de l’agitation ou de l’apathie, parfois une impression d’hallucination ou un aboiement particulier dit bitonal… Une hyperesthésie ou un prurit sont aussi classiques. Chez le chien il n’y a pas d’hydrophobie. Apparaissent enfin peu à peu, parfois d’emblée une parésie puis une paralysie du train postérieur, des mâchoires… L’issue est TOUJOURS la mort.

Le tableau clinique, très varié et les symptômes non caractéristiques, sont à rapprocher d’une possible contamination : morsure, voyage à l’étranger ou contact avec un chien venant de l’étranger.

Les examens de laboratoire sont nécessaires pour confirmer la maladie : immunologie, culture…

Traitement et prophylaxie

Sitôt les symptômes déclarés, il n’existe AUCUN traitement. En cas de suspicion et AVANT les premiers signes on utilise l’injection répétée de sérum.
La prophylaxie, très efficace, fait appel à une vaccination.

La rage animale est soumise à déclaration obligatoire (Maladie réputée légalement contagieuse) qui déclenche un protocole visant à recenser humains et animaux ayant été en contact avec un animal enragé.

Les risques chez l’homme

Si en Europe de l’Ouest la maladie est rarissime (dernier cas autochtone en France : 1924), elle est courante, en Afrique et en Asie, et existe en Amérique centrale et du Sud et en Europe de l’Est. Dans ces pays il existe de la rage des animaux sauvages et de la « rage des rues » c’est-à-dire qu’un chien en liberté peut transmettre la maladie. La rage est responsable de 50 à 60.000 décès par an. C’est une maladie très actuelle, et 98 % des cas humains sont dus à une morsure de chien.

L’homme est quasi exclusivement contaminé par la salive d’animaux enragés avec laquelle il peut être en contact par morsure ou par simple léchage si la peau est lésée. D’autres modes de transmission sont exceptionnels (greffes, contact professionnel, inhalation). Le virus étant très fragile à l’extérieur la contamination indirecte n’existe pas.

La phase d’incubation de la rage, où il est possible d’éviter la maladie humaine, est d’autant plus longue que la morsure a lieu près d’une extrémité.

En pratique il faudra retenir

En France

  • En cas de morsure par un animal quelconque ou de léchage par un animal inconnu, consulter un médecin pour soigner la morsure et faire mettre sous surveillance l’animal mordeur, sachant qu’il peut excréter du virus par sa salive au maximum huit jours avant les premiers symptômes ; identifier l’animal, l’immatriculation étant obligatoire. En cas de refus du propriétaire d’exécuter les 3 visites légales : le plus tôt possible après la morsure, 8 et 15 jours après- il faut faire appel à la force publique.
    À l’issue de la période, le chien n’a eu aucun symptôme : Aucune suite à donner.
    S’il décède, des prélèvements sont réalisés pour vérifier la cause du décès. Si c’est de rage, une enquête est déclenchée pour retrouver humains et animaux qui ont été en contact avec lui.
  • Si vous envisagez un voyage à l’étranger avec votre animal, surtout hors de l’Union Européenne, renseignez-vous aux Ambassades des pays concernés pour connaître les modalités propre à chaque pays, le minimum étant l’immatriculation, la possession d’un passeport et la vaccination antirabique -y penser 3 mois avant-. La logique voudrait de n’amener AUCUN chien en zone à risque, en particulier en Afrique.
  • Ne JAMAIS adopter ou acheter de chien de provenance inconnue qui aurait pu transiter (Afrique) ou être élevé (Europe de l’Est) dans des zones d’enzootie rabique. Cette importation est illégale.

À l’étranger

  • En cas de morsure, contacter les autorités sanitaires.
  • Ne JAMAIS ramener -illégalement- un animal.

En conclusion, tous les cas de rage déclarés ces dernières années en France l’ont été sur des chiens importés. Compte tenu de l’énorme risque humain il faut être vigilant et respecter scrupuleusement les règlements en vigueur. C’est le seul moyen pour que notre pays reste indemne de rage.

Commentaires

Vous ne trouvez pas ce que vous cherchez?

Demandez à un expert!

Poser Une Question