Nous vivons une ère de changement. La prise de conscience du risque lié au phénomène de résistance de certaines bactéries aux antibiotiques amène les professionnels de santé, médecins et vétérinaires, à trouver de nouvelles solutions thérapeutiques, ou simplement à en redécouvrir certaines !
Le miel est un produit naturel. Il est issu principalement de la transformation du nectar des fleurs par les abeilles du genre Apis mellifera sous nos latitudes. De nombreuses études s’intéressent de près à ses propriétés thérapeutiques, c’est l’api-thérapie.
Le sucre, un remède vieux comme le monde.
Le sucre, un remède vieux comme le monde. Souvent, les méthodes ancestrales sont riches d’enseignement et sources d’inspiration. Les premières traces écrites de l’utilisation thérapeutique du miel remontent au IVe siècle avant Jésus Christ en Egypte. Hippocrate ou Galien en ont largement vanté les vertus. Au XXe siècle, après la seconde guerre mondiale, l’utilisation du miel en tant que médicament a été peu à peu abandonnée à la faveur des innovations de l’industrie pharmaceutique (antiseptiques et antibiotiques notamment). On notera qu’à travers le monde, depuis des centaines d’années, le sucre en poudre, disponible et peu coûteux, est également utilisé pour traiter les plaies contaminées. Il partage certaines propriétés avec le miel, même si ce dernier possède une action plus polyvalente.
Quelles sont les propriétés thérapeutiques du miel ?
Le miel est constitué en moyenne de 80% de sucre et de 20% d’eau. Mais le miel ne saurait se résumer à ces seuls constituants, il contient aussi des centaines de composés différents au rang desquels acides aminés, minéraux, acides, enzymes, vitamines, substances aromatiques, hormones, azote…la liste est longue.
Penchons-nous sur les enzymes, une en particulier, la glucose oxydase et issue de l’abeille elle-même. Cette enzyme, présente dans le miel, conduit à la dégradation du glucose en acide gluconique et en peroxyde d’hydrogène, dont l’effet bactéricide est bien connu sous la forme d’eau oxygénée.
Le peroxyde d’hydrogène, l’acidité du miel, son osmolarité élevée lié à sa faible teneur en eau en font un milieu défavorable à la survie de micro-organismes. D’ailleurs, nous n’avons jamais observé à la maison de moisissures dans un pot de miel laissé ouvert comme nous pourrions l’observer dans un pot de confiture !
Une propriété antibactérienne majeure donc, mais également d’autres, conférant au miel son efficacité thérapeutique : des propriétés nutritionnelles pour fournir aux cellules impliquées dans la cicatrisation le carburant dont elles requièrent, des propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires, ou encore une action immuno-modulatrice.
Quel est le meilleur miel pour les plaies des animaux ?
Appliqué sur une plaie, le miel participe au nettoyage de la plaie, à sa désodorisation, résorbe l’œdème, réduit la douleur et l’exsudation de la plaie, accélère la cicatrisation et inhibe la croissance de certains champignons, ou encore de plus de 80 bactéries différentes, dont certaines sont réputées pour leur résistance aux antibiotiques comme les Staphylocoques. Rien que ça ! Bien sûr, ces propriétés varient en fonction du miel utilisé. Il n’existe pas un miel générique, mais des centaines de miels différents, leur composition est sous la dépendance du lieu de la récolte, de la richesse botanique ou des conditions météorologiques.
Le plus réputé (ou plus exactement, le plus documenté) est le miel de Manuka, originaire de Nouvelle-Zélande. Mais a priori, tout type de miel peut être utilisé tel quel sur les plaies. En théorie, le meilleur miel est un miel fraîchement produit et non chauffé. Pour conserver plus longtemps son efficacité, le miel devra être stocké à l’abri de la lumière, dans un endroit frais. La consistance du miel sera également un point à considérer, puisqu’il devra adhérer à la plaie ou au pansement.
Parmi le miel de commerce, nous préfèrerons les miels issus de l’agriculture biologique, produits selon un cahier des charges stricts, pour notamment réduire leur teneur en résidus (pesticides et antibiotiques). Attention cependant, une faible proportion de miels contiennent des spores d’une bactérie très dangereuse et responsable du botulisme. Toute automédication est donc potentiellement risquée. Une consultation de la plaie est nécessaire pour évaluer a minima son étendue, son ancienneté et son niveau de contamination. Votre vétérinaire intégrera tous ces paramètres pour déterminer le meilleur traitement pour votre animal.
Pour répondre aux exigences de qualité et de pureté optimales, du « miel médicament » est disponible en pharmacie ou chez le vétérinaire.
Le « miel médicament » chez mon véto ?
Les propriétés du miel sont d’ores et déjà exploitées en pansement ou en gel, pour le traitement des plaies des chiens, chats, chevaux et même des vaches. L’application de miel sera particulièrement utile en cas de brûlures, escarres, ulcères, de plaies infectées voire même de greffes de peau, ou encore sur des zones où la pose d’un pansement s’avère impossible. D’autres champs d’application prometteurs se profilent : en dermatologie, en ophtalmologie, dans le traitement d’affections gastro-intestinales… sans compter que le miel est biodégradable, et qu’après des millénaires d’utilisation, il ne semble qu’aucune résistance bactérienne ne soit apparue. Encore des arguments pour crier haut et fort les bienfaits des abeilles et leurs produits. Encore des arguments pour lutter contre leur disparition !
Plaidoyer pour l’abeille
Chaque kilo de miel correspond grossièrement à 50 000 vols d’abeilles, et plus d’un million de fleurs visitées, le tout dans un rayon d’environ 3km autour de la ruche. Les abeilles, en France et dans le monde, font actuellement face au syndrome d’effondrement des colonies, dont l’origine est multiple (pesticides, modification des paysages, parasites…). Dans notre relation millénaire avec les abeilles, leurs apports sont innombrables. Gardons en tête qu’en tant que pollinisateurs, elles ont contribué et contribuent encore à la survie et l’évolution de plus de 80% des plantes à fleurs dans le monde. « Trois quart des cultures qui nourrissent l’humanité en dépendent » résume Bernard Vaissière. N’hésitez donc pas à parler de miel et d’abeilles avec votre vétérinaire.