Les lymphocytes sont des globules blancs, c’est-à-dire de petits éléments (cellules) qui interviennent pour protéger l’organisme contre certaines infections : ces lymphocytes font partie du système immunitaire. On les retrouve partout dans l’organisme, dans le sang mais aussi dans tous les organes immunitaires constituant des réserves : les ganglions (appelés aussi noeuds lymphatiques), le foie, la rate, le thymus. Ces lymphocytes peuvent se retrouver également dans d’autres tissus : le tube digestif, la peau…
Un lymphome chez le chien est une prolifération cellulaire maligne de ces lymphocytes dans un ou plusieurs organes composant le système lymphatique au sens large. C’est donc un cancer qui peut prendre différentes formes, d’autant qu’il existe également plusieurs types de lymphocytes (B et T notamment).
Les statistiques montrent une prédisposition raciale nette chez les Boxers et les Golden retriever, un peu moins nette chez le Saint Bernard, le Berger allemand, le Beauceron. Le lymphome touche généralement des animaux d’âge moyen, entre 5 et 10 ans. Néanmoins, les animaux de tout âge et de toute race peuvent être atteints.
Classification des lymphomes
Il n’est pas correct de parler DU lymphome mais plutôt DES lymphomes. En effet, le comportement des lymphomes n’est pas identique chez un chien ou chez un autre. Cela dépend notamment :
- du type de lymphome : on parle, par exemple, de Lymphome B ou Lymphome T en fonction du type de lymphocytes qui se multiplie.
- de la vitesse de multiplication et de prolifération du lymphome : on parle de lymphome de bas grade de malignité (multiplication lente) ou de haut grade (multiplication rapide)
- de la localisation : lymphome ganglionnaire, digestif, pulmonaire, cutané, nerveux, nasal…
- de la dissémination : atteinte d’un organe, de plusieurs ou généralisation.
- des modifications sanguines éventuelles associées à ces lymphomes : évolution vers un état leucémique ou pas, présence d’une trop grande quantité de calcium dans le sang (souvent rencontrée lors de lymphome et critère péjoratif d’évolution), présence d’une anémie
Dans sa démarche, votre vétérinaire devra évaluer l’ensemble de ces critères pour donner un pronostic le plus précis possible et vous proposer un traitement le plus adapté possible.
En pratique, il est possible de présenter les lymphomes en fonction de leur localisation anatomique primaire.
Le lymphome ganglionnaire multicentrique
C’est la forme la plus fréquente, plus de 80% des cas rapportés. Un puis plusieurs nœuds lymphatiques grossissent progressivement de part la multiplication des lymphocytes. Il n’est pas rare de découvrir, par hasard, qu’un ganglion est hypertrophié sans autre symptôme au début. Mais, habituellement, l’état général est altéré : perte d’appétit, amaigrissement, fatigue, éventuellement fièvre. Cette atteinte ganglionnaire peut s’étendre au foie, à la rate, à la moelle osseuse le plus souvent. Dans environ 30% des cas, il est possible de mettre en évidence une hypercalcémie paranéoplasique, c’est-à-dire une augmentation de la concentration de calcium dans le sang à l’origine d’une prise de boisson augmentée.
Le lymphome digestif
Il représente environ 5% des cas de lymphomes. La tumeur peut se manifester de deux façons :
soit par la présence d’un nodule ou d’une masse focale, localisée, au niveau de la paroi du tube digestif pouvant entraîner une occlusion digestive partielle ou totale.
soit par la présence d’une infiltration diffuse au sein de la paroi du tube digestif, à l’origine d’un épaississement de cette dernière.
Ces atteintes peuvent diffuser au niveau des ganglions de drainage au sein de l’abdomen.
Les symptômes les plus fréquents sont : perte d’appétit, diarrhée, vomissements (avec éventuellement traces de sang), perte de poids.
Le lymphome médiastinal
Le médiastin est la partie du thorax située entre les deux poumons et contenant, entre autres, le cœur, l’oesophage et la trachée. De nombreux ganglions et le thymus s’y trouvent et peuvent être atteints d’un lymphome. Les symptômes respiratoires qui en découlent peuvent être variés : toux, discordance respiratoire, respiration rapide, respiration gueule ouverte… Des symptômes digestifs (vomissements, régurgitations) peuvent aussi être présents. Ces troubles sont secondaires à la présence d’une masse ou d’un épanchement (liquide) thoracique.
Des cas de lymphomes pulmonaires, avec des symptômes similaires, sont décrits mais plus rares.
Les lymphomes d’autres localisations chez le chien
Le lymphome cutané
Des nodules cutanés ou sous-cutanés associés à une démangeaison intense (prurit), un érythème (peau rouge rosée), une perte de poils, une desquamation (pellicules) sont présents.
Les lymphomes de l’œil et du système nerveux
L’œil peut être lymphomateux : il peut, dans ce cas, avoir un volume plus important, devenir plus trouble ou prendre un aspect hémorragique. Le cerveau ou la moelle épinière peuvent être infiltrés par des lymphocytes cancéreux : des troubles neurologiques sont alors présents (perte de vigilance, convulsions, troubles du comportement, perte d’équilibre, paralysie,…).
Les lymphomes des organes abdominaux
Le foie comme la rate peuvent être touchés de façon isolée ou être atteints secondairement. Un ou les reins peuvent être concernés par un lymphome et, comme pour les autres organes abdominaux, offrent un tableau clinique en rapport avec leur défaillance progressive.
Les lymphomes des cavités nasales
Une infiltration des cavités nasales du chien par des cellules tumorales lymphomateuses est possible. Elle peut entraîner une gêne respiratoire, des éternuements, des écoulements nasaux (purulents, hémorragiques, …). Une déformation des cavités nasales peut même être présente dans certains cas.
Diagnostic et bilan d’extension
Comme évoqué précédemment, le vétérinaire doit réaliser des investigations afin :
- de déterminer la présence d’un lymphome
- de connaître son comportement (agressif ou non)
- de rechercher son extension vers d’autres organes ou non (on parle de “bilan d’extension”)
- de connaître les complications sanguines.
Pour cela des examens complémentaires doivent être réalisés :
- ponction ou biopsie des organes suspects
- radiographie, échographie voire scanner ou examen endoscopique sont nécessaires afin de réaliser un bilan d’extension
- une prise de sang est indispensable.
Ces examens sont non douloureux; il peut parfois être nécessaire de réaliser certains de ces examens sous anesthésie.
Les traitements du lymphome et son pronostic
La plupart des lymphomes nécessitent une prise en charge médicale sous forme de chimiothérapie. Il s’agit de traitements par voie orale ou par voie intraveineuse : différents protocoles existent. Leur efficacité, leur toxicité, leur coût vous seront détaillés par votre vétérinaire.
Dans certains cas (atteinte d’un organe -rate, oeil par exemple -, lors d’occlusion digestive…), une prise en charge chirurgicale doit être proposée en première intention : elle sera complétée, le plus souvent, par une chimiothérapie adjuvante.
Enfin, dans d’autres cas, la radiothérapie est envisageable (tumeur des cavités nasales par exemple).
Le lymphome chez le chien reste d’assez mauvais pronostic car la moitié des chiens sous traitement décèdent dans l’année qui suit la détection de ce cancer. Néanmoins, le pronostic dépend beaucoup de l’extension de la tumeur, de son type, du protocole thérapeutique envisagé…
Dans certains cas, des traitements palliatifs peuvent être proposés.