Intoxication au raisin chez le chien

Les chiens sont souvent amateurs de fruits et légumes, en particulier à la belle saison. Si une majorité de fruits est bien tolérée par le chien, l’ingestion de raisin présente un risque élevé de toxicité encore trop méconnu, pouvant aller jusqu’à la mort de l’animal dans les cas les plus graves. La cause de cette toxicité aiguë, essentiellement rénale, n’est pas encore clairement identifiée et la dose toxique est très variable selon les cas rapportés. L’intoxication au raisin constitue une réelle urgence, quelle que soit la quantité consommée, sachant que les premiers symptômes se manifestent dans les heures qui suivent l’ingestion et que le pronostic est lié à la rapidité de la mise en place des traitements.

Les raisins sont-ils tous toxiques et à quelles doses ?

Toutes les variétés de raisin de table ou de vigne, blanches comme noires, avec ou sans pépins, peuvent être potentiellement toxiques pour le chien. Les raisins secs et les produits dérivés comme le marc de raisin ou les biscuits contenant des raisins sont également à risque. La toxicité est possible quel que soit le degré de maturité des grains et les raisins, même tombés au sol depuis plusieurs jours, restent dangereux.
En France, le centre anti-poison animal rapporte des doses toxiques allant de 10 grammes à 50 grammes de raisin frais par kg de chien. Des doses plus faibles sont recensées dans certains pays comme les Etats-Unis, où quelques grains ont suffi à intoxiquer des chiens de moins de 10 kg. A l’inverse, des chiens ayant consommé plus d’1 kg de raisin n’ont présenté aucun symptôme. Une grande variabilité individuelle semble donc exister et sachant que, selon les variétés de raisin, le poids moyen d’une grappe peut varier de moins de 100 grammes à plus de 500, le risque d’intoxication est à considérer quel que soit le nombre de grains de raisin ingérés.
Attention, si le chien a consommé des raisins secs, la dose potentiellement toxique est encore plus basse, de l’ordre de 4 grammes par kg, puisque les grains ont perdu une partie de leur poids en eau.

Quelle est la cause de toxicité du raisin ?

On ne connaît pas, à ce jour, l’origine exacte de cette toxicité. Différentes substances pouvant être néphrotoxiques (c’est-à-dire toxiques pour les reins), sont suspectées telles que des mycotoxines produites par des moisissures, des pesticides, des tanins ou des métaux lourds. Le mécanisme d’action aboutissant au développement d’une insuffisance rénale aiguë est également mal décrit.
D’après l’ensemble des cas recensés en France et dans d’autres pays, aucune prédisposition de race, de sexe ou d’âge n’a été mise en évidence.

Manifestations cliniques

Les premiers symptômes suite à l’intoxication au raisin chez le chien apparaissent le plus souvent dans les 6 à 24 heures suivant l’ingestion et peuvent persister plusieurs jours. Il s’agit essentiellement de signes digestifs et généraux :

  • Vomissements (signe le plus typique)
  • Diarrhées
  • Nausées
  • Douleurs abdominales
  • Abattement / Fatigue
  • Déshydratation
  • Anorexie

L’intoxication évolue les jours suivants avec le développement, dans les cas les plus sérieux, d’une insuffisance rénale aiguë dans les 48 à 72 heures; insuffisance rénale caractérisée par des manifestations cliniques et biochimiques typiques :

  • Diminution voire absence de production d’urine (oligurie – anurie)
  • Augmentation de la prise de boisson (polydipsie)
  • Augmentation du taux d’urée, de créatinine et de phosphore dans le sang
  • Variation d’autres paramètres sanguins tels que le calcium, les enzymes hépatiques (foie) ou les globules rouges et blancs
  • Présence de protéines dans les urines voire de glucose, de sang ou de cristaux
  • Apparition d’ulcères dans la bouche
  • Hypothermie
  • Coma et mort dans les cas les plus graves

Diagnostic

Lorsque la consommation de raisin n’a pas été volontaire ou pas constatée en direct, le diagnostic peut néanmoins être facilité si l’on observe des restes de raisins dans les contenus vomis par le chien. Si ce n’est pas le cas, le diagnostic peut s’avérer très difficile car les premiers signes cliniques observés sont communs à de nombreuses intoxications et autres maladies. De même, l’insuffisance rénale aiguë qui peut se développer dans les jours qui suivent peut également avoir de nombreuses origines.
Différents examens complémentaires comme des bilans sanguins, urinaires ou une échographie des reins permettent d’affiner le diagnostic mais il n’existe aucun test spécifique pour confirmer une intoxication par le raisin.

Traitement et pronostic

Comme dans beaucoup de cas d’intoxication, le traitement et le pronostic ne seront pas les mêmes selon la rapidité d’intervention après l’ingestion du toxique. La cause de la toxicité du raisin n’étant pas connue, il n’y a pas d’antidote spécifique à administrer.
Si le traitement est mis en place dans les deux heures qui suivent la consommation de raisin, le but est de faire vomir le chien grâce à des molécules adaptées. Dans un second temps, l’administration de charbon végétal activé permet d’absorber les toxines encore présentes dans le tube digestif afin d’éviter qu’elles ne passent dans la circulation sanguine du chien.
Par la suite, le traitement repose essentiellement sur l’administration de fluides par voie intraveineuse pour éliminer les toxines passées dans le sang de l’animal et s’opposer au développement d’une insuffisance rénale. La fonction rénale doit être étroitement surveillée en hospitalisant l’animal pendant au moins 3 jours et en mesurant les taux d’urée et de créatinine dans le sang pour adapter au mieux les perfusions. D’autres traitements symptomatiques comme des pansements gastriques, des substances antiémétiques ou anti-acides peuvent être utilisés selon les signes cliniques présentés par l’animal.
Si des signes d’insuffisance rénale aiguë sont observés, des traitements plus spécifiques sont à envisager comme des chélateurs de phosphore. La réalimentation de l’animal est indispensable pour espérer une bonne récupération et si le chien refuse de manger seul, la pose d’une sonde doit être envisagée. Des molécules pour stimuler la production d’urines ainsi que la mise en place d’une sonde urinaire peuvent être nécessaires.
Le pronostic est très réservé sur des chiens qui ne produisent plus d’urine du tout (anurie) car cela témoigne d’une atteinte sévère des reins. Si le pronostic vital du chien est engagé et que les traitements mis en place ne suffisent pas, une dialyse péritonéale, technique permettant d’éliminer les toxines de l’organisme, peut être envisagée sous certaines conditions voire une hémodialyse mais cette dernière nécessite du matériel spécifique et n’est donc proposée que dans certains centres vétérinaires spécialisés.

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