Allergie chien

Les allergies saisonnières du chien

Par Vetissimo 9 à lire

Le « rhume des foins » existe-t-il chez le chien ? Une question légitime que beaucoup de propriétaires peuvent se poser ; contrairement à l’homme, qui présente rhinite et conjonctivite dans le cas des allergies saisonnières, le chien, quant à lui, manifeste majoritairement des symptômes cutanés ; les cas de « rhume » allergique comparable à ceux rencontré en médecine humaine sont finalement assez rares chez le chien… en revanche les allergies en dermatologie vétérinaire sont très répandues dans l’espèce canine, notamment chez les chiens de race.

Une pathologie de mieux en mieux comprise : l’atopie canine

On dénombre classiquement 4 types d’allergie chez le chien : l’allergie alimentaire, l’allergie de contact, l’allergie aux piqûres de puce (DAPP) et l’allergie saisonnière, aussi appelée atopie saisonnière.

Ainsi l’atopie canine se définit comme une réaction d’hypersensibilité à des antigènes environnementaux inhalés ou absorbés par voie percutanée (allergènes) chez des individus génétiquement prédisposés. Le caractère saisonnier des allergènes environnementaux rend son expression clinique également saisonnière. Pour simplifier, la peau ou les muqueuses des chiens atopiques, au lieu de se comporter comme une barrière naturelle infranchissable, s’apparente à un papier buvard.

On considère qu’environ 15% des chiens sont concernés, l’âge d’apparition des premiers symptômes variant entre 6 mois et 6 ans (cependant une grande majorité ont entre 1 et 3 ans). Certaines races sont plus concernées que d’autres, notamment les Labradors, le Golden Retriever, les Boxers, les Bouledogues, les Yorkshire ou encore les Westie.

Les allergènes saisonniers concernent principalement les pollens (arbres, graminées…) et leur présence s’étale selon les régions de la fin de l’hiver au début de l’hiver suivant. Les acariens, poussières, plumes… représentent aussi des allergènes environnementaux mais n’ont pas de caractère saisonnier.

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Une vision simplifiée et unilatérale de l’atopie saisonnière est une cause majeure d’échec thérapeutique, voire de conflit avec le vétérinaire : en effet, il s’agit généralement d’une maladie aux origines multifactorielles (génétique, conditions environnementales, alimentation, sensibilité aux puces… modifiant le seuil de tolérance aux allergènes environnementaux au cours du temps), sujettes aux complications (infections secondaires, malasseziose…) et pour laquelle l’observance est parfois rendue difficile (traitement sur le long terme, parfois à vie).

Des symptômes dermatologiques

Lorsque le seuil de tolérance aux allergènes est franchi, des démangeaisons apparaissent ; le chien se gratte, se mordille, se lèche. Les zones concernées vont être essentiellement les pattes, les aisselles, les flancs, l’abdomen ou la tête.

Le chien qui développe des allergies saisonnières sera allergique toute sa vie. Il s’agit d’une maladie chronique récurrente. Cependant l’intensité des symptômes peut varier d’une saison à l’autre selon la charge d’allergènes.

La sévérité des démangeaisons et l’inflammation cutanée entraînent très souvent des complications infectieuses. Les bactéries ou levures normalement présentes pénètrent dans les brèches cutanées et s’y développent, amenant encore plus d’inflammation et donc plus de démangeaisons. Parmi les lésions cutanées facilement identifiables, on recense :

  • Rougeur
  • Boutons
  • Croûtes
  • Perte de poils
  • Otite
  • Mauvaise odeur
  • Squamosis
  • Séborhée
  • Épaississement de la peau

Bien qu’il n’y ait pas de caractère contagieux a cette maladie, les complications infectieuses imposent une surveillance stricte des contacts avec d’autres animaux et l’hygiène des mains du propriétaire.

En cas de démangeaison et de complications, un diagnostic par votre vétérinaire s’impose.

Un diagnostic d’exclusion

Toute la difficulté du diagnostic relève du fait qu’il n’existe pas un test qui permette d’affirmer avec certitude que votre chien présente une allergie saisonnière. Le diagnostic repose sur 3 éléments indispensables :

  • les commémoratifs (race, âge, environnement) et l’anamnèse (caractère saisonnier, réponse aux traitements antérieurs, symptômes observés…) de votre chien
  • l’examen physique et dermatologique par votre vétérinaire
  • l’exclusion des autres maladies par des tests spécifiques ou essais thérapeutiques (pyodermite primaire ou secondaire, parasites externes, régime d’éviction, maladie hormonale…)
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Une fois le diagnostic établi, des tests allergologiques peuvent être entrepris, non pour confirmer le diagnostic, mais afin de préparer une désensibilisation (immunothérapie), uniquement si le propriétaire souhaite entreprendre cette thérapeutique.

Une thérapeutique multimodale efficace… mais une guérison illusoire.

S’agissant d’une maladie multifactorielle à forte composante génétique, une guérison totale n’est pas envisageable, mais des solutions adaptées existent.

Du fait de la fréquence importante des complications liées aux démangeaisons, il est recommandé de traiter rapidement. Ceci permettra de réduire le temps de traitement et d’augmenter son efficacité.

Contrôle des démangeaisons

Il s’agit de la pierre angulaire de la prise en charge de l’atopie chez le chien. En effet, le but est de casser le cercle vicieux. Plusieurs familles de molécules sont utilisables, avec des avantages et des inconvénients pour chacun.

  • Les antihistaminiques ont l’avantage d’avoir peu d’effets secondaires et d’être bien tolérés mais sont souvent insuffisant pour les allergies importantes.
  • La cortisone, utilisée seule ou en synergie avec un antihistaminique, est couramment utilisée en première intention. Son action est rapide et permet de contrôler les démangeaisons, même très importantes. La dose minimale efficace est recherchée, la dose peut être adaptée quotidiennement. Le problème réside dans ses effets secondaires, voire ses contre-indications d’utilisation ; en effet, utilisée sur le long terme, elle prédispose à des maladies endocriniennes et compromet le système immunitaire.
  • Les molécules de nouvelle génération (immunomodulateurs, antiprurigineux) sont les meilleures alternatives pour le traitement au long terme ; leur effet est similaire à la cortisone avec les effets secondaires en moins. Cependant le coût important de ces traitements rend son accessibilité limitée.Gestion des complications : Préambule à la réussite de tout traitement, elle consiste à lutter contre les infections bactériennes et fongiques. Une antibiothérapie et l’utilisation de shampoings et de produits topiques sont en général suffisant.
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Désensibilisation

Avec de la patience, de la détermination, un investissement personnel et financier, l’immunothérapie constitue probablement la meilleure alternative sur le long terme. Elle consiste à injecter à dose croissante les allergènes incriminés. L’objectif est d’induire une tolérance aux pollens qui causent la réaction allergique. On considère qu’environ 70% répondent favorablement à ce traitement. Les limites concernent le spectre restreint des allergènes testés et la stabilisation dans le temps. En effet, le seuil de tolérance est augmenté mais pour autant pas annihilé.

Contrôle de l’environnement

L’implication quasi systématique d’autres facteurs appelle à considérer d’autres éléments thérapeutiques. Un traitement antiparasitaire externe renforcé est indispensable ; une alimentation hypoallergénique strict et l’ajout de compléments alimentaires (type Omega 3) sont fortement recommandés ; l’utilisation régulière de shampoings pour chiens atopiques permettant une restauration de la barrière naturelle cutanée, associé à un réhydratant, améliore la réponse clinique aux autres traitements ; enfin une bonne aspiration du milieu de vie et une adaptation des sorties aux lieux en fonction des saisons réduisent la charge d’allergènes en contact avec l’animal.

Maladie complexe et répandue, l’atopie saisonnière nécessite d’être bien comprise par le propriétaire afin de ne pas se décourager et explorer toutes les pistes thérapeutiques à disposition. Votre vétérinaire est à votre disposition pour vous guider et adapter le traitement dans le temps. Un investissement personnel important de la part du propriétaire est indispensable pour la réussite de la thérapeutique.

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