Le mastocytome est une tumeur maligne, généralement cutanée ou sous-cutanée, provoquée par la prolifération d’un certain types de cellules du système immunitaires, présentes dans le tissu conjonctif de la peau, les mastocytes.
Ces cellules produisent de multiples substances chimiques dont certaines sont impliquées dans le mécanisme de l’inflammation, comme l’histamine, ou de la coagulation, comme l’héparine.
C’est une tumeur cutanée très fréquente chez le chien (environ 20% des tumeurs cutanées).
Comment se présente un mastocytome ?
Dans la plupart des cas, le mastocytome chez le chien concerne la peau. Cette tumeur se développe principalement sur le tronc, moins fréquemment sur les membres ou encore sur la tête ou le cou.
Sa présentation est très variable: il se présente le plus souvent sous la forme d’un nodule, parfois ulcéré rond, glabre (sans poils) de couleur rosé, pouvant gonfler ou devenir plus rouge lorsqu’on le manipule. Il peut entraîner des démangeaisons sur votre chien. Il peut avoir également la forme d’une volumineuse masse mal délimitée, d’un épaississement de peau discret, de nombreux petits nodules disséminés sur tout le corps.
Ces tumeurs peuvent avoir un comportement agressif, c’est à dire avoir la capacité de se disséminer, à partir de la peau, vers d’autres organes (nœuds lymphatiques ou ganglions, rate, foie, poumon, moelle osseuse …): on parle de métastases.
De façon plus exceptionnelle, il existe des mastocytomes “viscéraux” dont le point de départ est une atteinte de certains organes, tels que le foie, la rate ou les ganglions, et non la peau.
En marge de cette tumeur, visible à l’examen clinique, des troubles associés à la sécrétion d’histamine et d’héparine sont occasionnellement constatés. Ils se traduisent par des ulcères du tube digestif (estomac, intestin) se manifestant par des vomissements ou des douleurs abdominales, ou par des saignements divers (lors d’une intervention chirurgicale par exemple).
Quels sont les chiens concernés par le mastocytome ?
Les chiens touchés ont, en moyenne, 9 ans, mais des sujets jeunes, sans distinction de sexe, peuvent être atteints.
Certaines races sont spécialement représentées comme les Boxers, les races brachycéphales (comme les Bouledogues), les Terriers, les Épagneuls ou encore les Retrievers.
Comment diagnostiquer et prendre en charge cette tumeur ?
La présence d’une « masse » cutanée, unique ou multiple, accompagnée éventuellement d’une augmentation de taille des ganglions proches de la lésion ainsi que de vomissements ou de diarrhées, doit inciter à la mise en œuvre d’examens complémentaires et d’une thérapie appropriée, sans délai.
La première démarche est de confirmer le mastocytome; trois méthodes existent pour cela:
- une cytoponction à l’aiguille fine qui consiste à insérer une petite aiguille dans la masse afin de prélever un micro fragment: si votre vétérinaire est équipé, il pourra colorer le prélever afin de le regarder au microscope. Cette manœuvre est indolore et permet d‘avoir le résultat rapidement (ou quelques minutes ou quelques jours si le prélèvement est envoyé à un laboratoire)
- une biopsie: cela consiste à prélever un fragment plus volumineux qui sera envoyé à un laboratoire d’analyse vétérinaire spécialisé. Ce prélèvement nécessite une tranquillisation ou une anesthésie courte de votre animal. Elle se réalise lorsque la cyctoponction est impossible à faire ou si elle ne permet pas de conclure.
- une intervention chirurgicale consistant à enlever le(s) nodule(s).
En fonction des résultats obtenus, votre vétérinaire pourra vous proposer:
- d’enlever la tumeur chirurgicalement;
- de réaliser un bilan d’extension: c’est à dire vérifier si la tumeur s’est diffusée dans d’autres organes (ganglions, rate, foie, moelle osseuse …): pour cela, d’autres ponctions, des échographies ou des radiographies peuvent être indiquées.
Une démarche rigoureuse est indispensable de façon à adapter la traitement au mastocytome que présente votre chien.
En effet, il faut tenir compte:
- du “grade” du mastocytome, qui est donné par l’analyse de la masse enlevée:
- grade 1 (peu agressif), 2 ou 3 (très agressif) selon le grading de Patnaïk
- bas grade ou haut grade selon le grading de Kiupel
- du “stade” du mastocytome, qui est donné par le bilan d’extension (tumeur localisée ou métastasée).
L’intervention chirurgicale consistant à enlever la tumeur est le traitement approprié dès que le diagnostic est posé: elle doit être large de façon à éviter au maximum les risques de récidive locale. Dans certains cas, une intervention chirurgicale n’est pas possible (tumeur trop volumineuse ou mal localisée): une chimiothérapie peut être parfois être envisageable afin de faire réduire la taille.
Lorsque le bilan d’extension révèle la présence de métastases, la radiothérapie et/ou la chimiothérapie doivent compléter l’acte chirurgical.
Les protocoles de chimiothérapie (médicaments utilisées, traitement par injection ou comprimés, nombre de séances, fréquences, suivi médical, …) seront adaptés et discutés avec votre vétérinaire en fonction du type de tumeur, de son extension, du coût et de la qualité de vie de votre animal.
Quel est l’avenir d’un chien atteint de mastocytome ?
Le pronostic sera, bien entendu, très différent d’un cas à l’autre. Il peut être favorable s’il s’agit d’une tumeur unique de grade 1 (taux de survie à 4 ans est alors de 93%) ou de bas grade (95% de survie à 45 mois) avec une exérèse chirurgicale complète
Il sera nettement plus réservé, voire mauvais, pour des tumeurs de grade 3 (6% de survie à 4 ans) ou de haut grade (0% de survie à 20 mois), , a fortiori si des métastases sont déjà présentes au moment du diagnostic (en moyenne de 1-3 mois de survie si le foie ou la rate est atteint).
Conclusion
Le mastocytome chez le chien est une tumeur redoutable, souvent sous-diagnostiquée ou diagnostiquée tardivement, dont la prise en charge est complexe et doit faire appel à des techniques de diagnostic et de thérapie adaptées.