Les éternuements sont régulièrement rencontrés dans l’espèce canine. Ils font référence à une libération brutale et violente d’air provenant des poumons à travers la bouche et les cavités nasales.
Il s’agit d’un système réflexe qui permet d’éliminer toute irritation (mécanique, chimique…) de la cavité nasale. Ces éternuements sont souvent accompagnés d’un écoulement nasal (jetage nasal) unilatéral ou bilatéral (atteinte d’une ou des deux cavités nasales) : ce jetage peut être clair ou purulent, liquide ou épais, parfois hémorragique (sang : on parle d’épistaxis).
Éternuements et jetage nasal sont généralement signes d’une atteinte nasale, et/ou sinusale, et/ou nasopharyngée ; ils sont, dans de rares cas, secondaires à une atteinte plus profonde ou plus générale (voir paragraphes sur les causes ci-dessous).
Le reverse sneezing est un bruit respiratoire inspiratoire évoluant par crises de façon paroxystique et est secondaire à une irritation nasale et ou pharyngée. L’objectif de ce reverse sneezing (traduit par éternuements à l’envers) et de faire évoluer des sécrétions ou du matériel étranger qui gênent, du nasopharynx* vers l’oropharynx** (c’est-à-dire vers le fond de la bouche) où ils peuvent être déglutis. Concrètement, le reverse sneezing ressemble un peu aux bruits que ferait un cochon qui aurait du mal à inspirer son air, comme si ce dernier n’arrivait pas à passer au niveau pulmonaire : le chien peut avoir le cou tendu, « ronfle de façon brutale et paroxystique », semble s’étouffer, fait beaucoup de bruit et a parfois ses côtes qui se creusent. Eternuements et reverse sneezing doivent être bien distingués de la toux, de l’étouffement, de l’halètement, des hauts-le-coeur et des vomissements. Ne pas faire la distinction entre l’ensemble de ces symptômes peut aboutir à un mauvais diagnostic. Cela est d’autant plus important que ces symptômes ne sont pas toujours visualisables et objectivables par le vétérinaire en consultation : la réalisation de vidéos avec caméra ou smart phone peut être une précieuse aide au diagnostic pour le vétérinaire et peut l’aider à vérifier si les signes cliniques observés sur un animal sont compatibles avec un reverse sneezing,
* et ** : le nasopharynx est la région qui sépare l’arrière des cavités nasales et le pharynx ; l’oropharynx est la zone qui relie la cavité buccale au pharynx.
La plupart du temps, le reverse-sneezing est idiopathique, c’est-à-dire qu’il apparaît (et parfois disparaît) sans cause sous-jacente, sans explication nette.
Causes des éternuements chez le chien
Plusieurs affections peuvent être à l’origine d’éternuements chez le chien.
On les distinguera en :
- Causes « nasales » dont l’anomalie primaire atteint les cavités nasales ou le nasopharynx :
- Congénitales (fente palatine, atrésie des choanes, sténose naso-pharyngée)
- « Allergiques »
- Secondaires à la présence de polypes
- Mycosiques (champignons) : aspergillose par exemple
- Parasitaire (rare) : Pneumonyssus caninum
- Tumorales (cancéreuses)
- Corps étranger
- Traumatiques (fractures)
- Secondaires à une atteinte dentaire (tartre important, abcès dentaire, fracture dentaire…)
Il est important de noter que les rhinites bactériennes primaires sont exceptionnelles chez le chien : la plupart du temps, il existe une cause primaire sur laquelle vient s’ajouter une surinfection bactérienne aggravant les symptômes. Cela signifie que traiter uniquement avec une antibiothérapie est souvent insuffisant tant que la cause primaire n’a pas été identifiée et éventuellement traitée.
- Causes « générales » qui n’ont pas un point de départ au niveau des cavités nasales mais qui peuvent se traduire secondairement par des écoulements nasaux et des éternuements :
- Problème de coagulation (intoxication, anomalie des plaquettes sanguines, hémophilie, …) pouvant entraîner un écoulement hémorragique,
- Maladies infectieuses (Ehrlichiose, Leishmaniose, …)
- Certaines leucémies, …
Diagnostic
L’âge de l’animal, la vitesse d’apparition et d’évolution des symptômes, l’aspect de l’écoulement nasal (s’il est présent), l’examen général de l’animal et en particulier de la sphère nasale/sinusale/buccale permettent d’orienter le vétérinaire vers des hypothèses diagnostiques.
Néanmoins, l’accessibilité limitée des cavités nasales et du pharynx rend leur exploration difficile voire impossible sur un animal vigile. Ainsi, le vétérinaire pourra éventuellement proposer une anesthésie afin d’explorer ces zones sur le chien :
- soit sans matériel
- soit avec du matériel permettant de faire une rhinoscopie.
La rhinoscopie est un examen permettant, à l’aide d’une petite caméra que l’on fait pénétrer par les narines et par la bouche, d’objectiver une anomalie au sein des cavités nasales et du pharynx. Cet examen est non invasif et non douloureux. Pendant la rhinoscopie, le vétérinaire pourra réaliser des biopsies ou des prélèvements divers à soumettre à des laboratoires d’analyses afin d’obtenir un diagnostic de certitude. Un corps étranger peut éventuellement être enlevé s’il est présent.
Dans certains cas, la rhinoscopie peut être délicate à réaliser ou insuffisante :
- dans certaines races miniatures ou de type brachycéphale (Carlin, Bouledogue, …) les cavités nasales sont trop petites pour pouvoir introduire le matériel de rhinoscopie
- lorsque l’écoulement nasal est trop important, il empêche une visualisation correcte
- les atteintes dentaires ne sont pas visualisées par rhinoscopie
- les sinus, l’ensemble des os de la cavité nasale et les ganglions ne peuvent pas être visualisés par rhinoscopie.
Dans ces situations, un autre examen d’imagerie médicale a son intérêt : l’examen tomodensitométrique (ou scanner). Il se fait également sous anesthésie générale (éventuellement avant ou après une rhinoscopie). Il a l’avantage de permettre une visualisation de l’ensemble des structures osseuses, des sinus, des ganglions et ce indépendamment de la taille du chien. Il ne permet cependant pas de faire des prélèvements ou de retirer des corps étrangers.
Rhinoscopie et scanner peuvent donc être des examens à associer pour rechercher des causes d’éternuements et d’écoulement nasal chez le chien. Le vétérinaire adaptera le type d’examen aux hypothèses diagnostiques.
Traitement et pronostic
La prise en charge et le pronostic vont dépendre de la cause des éternuements du chien.
Un corps étranger peut être facilement enlevé et le chien guéri.
Lors de phénomènes cancéreux, le traitement peut être chirurgical, médical (chimiothérapie) ou par radiothérapie : cela dépend du type de tumeur présent (biopsie nécessaire). Le pronostic dépend, à la fois, de la tumeur, de son agressivité (c’est-à-dire sa multiplication) et de son extension.
Lors d’atteinte mycosique (Aspergillose par exemple), le traitement nécessite l’utilisation d’antimycosiques par application locale (dans les cavités nasales et/ou dans les sinus) plus ou moins associés à un traitement par voie orale.
Lors d’atteinte dentaire, l’extraction dentaire et une antibiothérapie sont nécessaires.
Lors de reverse sneezing idiopathique, l’utilisation de corticoïdes ou d’antihistaminiques peut être envisagée.
Conclusion
Les éternuements et le reverse sneezing chez le chien témoignent, le plus souvent, d’anomalies concernant les cavités nasales ou le nasopharynx.
L’exploration de ces symptômes nécessite parfois de recourir à des examens, certes sous anesthésie générale, mais peu invasifs et non douloureux pour le chien : rhinoscopie et/ou scanner, associés à des prélèvements.
Le traitement dépend ensuite de la cause mise en évidence. Il est important de noter que les infections bactériennes primaires (sans cause sous jacente) des cavités nasales sont rares chez le chien.